RAYA LINDBERG
DÉMARCHE ARTISTIQUE & BIOGRAPHIE
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Auteure - chercheuse - enseignante en esthétique - critique d’art (AICA) - curatrice
Fondatrice de la structure d’exposition et d’expérimentation artistique
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C’est avec Hauke Lanz et la compagnie Deus Ex machina que je débute un travail à la fois de comédienne, d’assistante, puis de dramaturge, à Paris, et à Berlin autour du théâtre élisabéthain, notamment avec "Tamerlan le grand" de Christopher Marlow. La forme ritualisée et performative est aussi explorée, nous adaptons des textes poétiques pour la scène. "As Two thousand Horses" d’après "L’Homme–Jasmin" d’Unika Zürn la femme de Hans Bellmer, présenté dans la cour vitrée de l’hôtel de Ville de Schönberg à Berlin. Cette expérience me fait entrevoir les rapports étroits entre art plastique et théâtre, mais aussi une manière d’en faire proche de la performance. Ensuite, l’enseignement de la philosophie et la critique d’art m’occupent simultanément. L’écriture est ce qui a toujours fait le lien entre toutes ses lignes de force professionnelles.

Parallèlement, j’écris des récits qui pourraient entrer dans un livre, mais sont adressés comme des paroles. Par un enchaînement logique de désirs, je commence à écrire du théâtre, espace vivant de la création.

Simultanément, je publie mon premier texte théâtral Peau sable en France dans la revue du théâtre de Gennevilliers Théâtre Public. Un deuxième suit : "Groupe Orpheline". C’est avec ce texte que je décide de porter mes textes à la scène, je réunis autour de moi une équipe d’acteurs, et donne le coup d’envoi d’un laboratoire de recherche théâtrale au Centre culturel Garcia Lorca (ancien cercle des réfugiés républicains espagnols de Bruxelles, un ancrage historique et politique qui ne me semble pas fortuit). Ensuite viendra "Orme" qui sera présenté au festival Off d’Avignon. Résidences, et laboratoires théâtraux se succèdent à Belgique et en France.

Je n’abandonne pas la pratique pour la théorie, bien que j’anime des séminaires de réflexions esthétiques à L’Iselp (Institut pour l’étude des langages plastiques). Ces allers-retours salutaires entre ce qui se crée, et son analyse, ne me quitte pas. En outre, l’enseignement dans plusieurs ESA, écoles supérieures des arts, reste pour moi un trait d’union essentiel entre ma démarche réflexive et créative, et le public. Ensuite, conférences performées ou non, colloques, événements dans les musées, expositions dans des galeries, présences dans des institutions, et des lieux de recherche me permettent de nombreux déploiements de recherche et d’explorations théoriques sur les liens entre arts vivants et arts plastiques.

Parallèlement à ces activités théoriques, je poursuis ma pratique artistique, sous forme d’installations sonores, de textes théâtraux ou poétiques, publiés dans des revues, et montés à la scène, comme conceptrice, auteure et parfois performeuse. Ce faisant, je ne cesse d’explorer les ressorts de ce que j’intitule une dramaturgie de l’image avec des artistes sur lesquels j’écris pour des revues d’art, et pour des catalogues monographiques, en France et en Belgique. Face aux mutations actuelles, espace p( )tentiel est fondé à l'automne 2018 avec la collaboration de la commissaire et productrice Nadège Derderian afin de questionner l’esthétique contemporaine, motivée par une politique des récits, alliée à la notion riche et spécifique de dramaturgie. Par le biais d’évènements concepts qui rassemblent artistes et chercheurs, espace p( )tentiel engage réflexions et propositions artistique à travers le monde, selon des changements d’espace, et d’aires culturelles.

Invitée en décembre 2018 et en novembre 2019 en Corée, puis à venir en Europe (en France en septembre 2019, en Belgique et en Angleterre) pour d’autres projets, espace p( )tentiel dont les activités se conçoivent en Belgique, est une organisation qui se déploie dans une large mesure de façon itinérante.

Sachant la scène mondiale dramatique et dramatisée, en déplaçant les critères de valeur et d’usage des pratiques artistiques, espace p( )tentiel fait exister « un espace de jeu », où la dramaturgie apparaît comme une autre manière d’aborder les modalités sociales, économiques, et géographiques du monde, dans lequel nous vivons. Et cela, selon des destinées collectives et collaboratives, plutôt qu’à partir de la prééminence des parcours individuels.

La dramaturgie en tant que charge esthétique expressive rend compte de l’expérience humaine, et non humaine, dans son ensemble. En d’autres termes, elle permet de percevoir une construction inhérente aux images produites par les artistes, ou activées par des interventions artistiques, qui relèvent toujours d’expériences attentives de situations.
Des projets artistiques socialement engagés, ou répondant d’une inscription historique et documentaire, ou encore dont l’objet est la recherche sur les usages sociaux et environnementaux de l’art y compris des interventions radicales.

Ces expériences artistiques attentives se déploient comme des fictions critiques, mais également en tant que cadre de recherche, liant démarches artistiques et explorations théoriques, issues du champ des sciences humaines et sociales.

Cet environnement durable et élargi de la création, élabore des modes de relation, explore des conflits, métaphorise des formes de vie, selon une vision tierce du réel.

En sortant de toute domination autoritaire des savoirs et des récits, la dimension potentielle du réel demeure le propre d’une « mise en jeu » non pas seulement rétrospective, mais actuelle.

Réinvestir ce pouvoir construit une communauté politique et artistique dans les lieux mêmes où les conflits sont occultés par l’exercice du consensus, et par les régimes autoritaires de l’information.

Raya Lindberg

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